Eros, aussi, tragique. Il faut lire le livre de Camille Moreau, consacré, surtout, contrairement à ce que laisserait penser le deuxième sous-titre, "comment fut créé le mythe Emmanuelle", à une biographie de Marayat Bibidh, devenue Marayat Rollet-Andriane, au couple "poïétique", qu'elle forma avec son mari, Louis-Jacques.
Il y a d'abord sa vie, de jeune femme, de femme, pour qui la sensualité est tout, un art de vivre - et ce n'est pas un hasard si une telle femme libre a pu exister, à partir de la Thaïlande. Puis il y a sa rencontre avec ce Français, diplomate, qui cherche une telle âme-corps soeur, et qui, une fois qu'il l'a trouvé, mesure sa chance. Il y a d'abord encore leur vie intime, leur viérotique, pour désigner cette fusion, et il y a cette vie agrandie, qui deviendra ce que l'auteure de ce livre a appelé leur "erosphère". Marayat est une femme qui vit, semaine après semaine, des extases sensuelles/sexuelles, avec nombre de femmes, et quelques hommes, plus de femmes que d'hommes. Une fois mariée à Louis-Jacques, elle lui est fidèle, de coeur, mais elle ne lui est pas fidèle, de corps, et il ne le lui demande pas - au contraire. Ils se sont trouvés et ils ne se quitteront pas, sauf par la mort, bien plus tard. En attendant, il faut vivre. Mais un jour, la mort frappe à la mort et menace : Marayat manque de mourir. Finalement, elle se relève. Le miracle saisit leur conscience, foudroie leur sang : il faut faire plus que de "baiser", cet horrible verbe français. Leurs dialogues se concluent par une certitude : ils doivent faire connaître au monde leur apologie concrète de "l'amour" vivant. Qui écrit "Emmanuelle" ? L'auteure répond à cette question, nous n'en parlerons pas ici, en préférant considérer qu'ils ne nous ont pas menti, et que Marayat fut déterminante dans. Ce qui surprend tant, c'est qu'une jeune femme, femme, thaïlandaise, ait pu écrire une oeuvre qui, bien loin de se réduire à un livre "érotique", est une oeuvre spirituelle, avec une pensée forte, précise, ample. Camille Moreau nous apprend que Marayat était une intellectuelle, passionnée par de nombreux savoirs, les mathématiques, l'astronomie... "Emmanuelle" paraît. La première parution est "confidentielle" : le livre est rapidement connu, mais des lecteurs bien informés. Il est lu, sans que cette lecture soit assumé. De Gaulle entend le faire censurer. Mais la pression du désir fait craquer ce mur, comme tant avant et après mai 68. Marayat a, peut-être, elle aussi, été derrière les barricades. Parce qu'il y a une pensée politique dans et derrière, "Emmanuelle". Et puis arrive ce qui va susciter tellement d'espoir, une "imagination", avant que les images réelles de Just Jaeckin viennent scandaliser Marayat, qui l'appelle pour l'insulter, le maudire, pleurer. Elle est tellement trahie. Et c'est Marayat qui parle - preuve qu'elle a écrit Emmanuelle. Emmanuelle, c'est elle, et Sylvia Kristel mise en scène, c'est une autre : aucun... rapport. C'est que, bien qu'ils voulaient faire d'Emmanuelle des visions, puisqu'ils en ont donné avec le livre, ils ont commencé par penser qu'il fallait laisser faire les "professionnels de la profession", mais une fois le film sorti, c'est la douche froide. Ils ont trop aisément cédé les droits à l'éditeur, lequel les a trop aisément cédés aussi : finalement, "Emmanuelle" n'est pas le film de leur livre. Alors, en colère et déterminés, ils vont essayer de devenir les maîtres de, en produisant, sous leur contrôle total, une revue, puis en faisant un film. Le livre de Camille Moreau nous apprend comment les choses se sont passées - et surtout, mal passées : parce que, là où les corps peuvent connaître des relations apparemment harmonieuses et heureuses, dans l'érotisme conçu et vécu, ces relations-là, professionnelles, sont différentes et plus complexes. Il faut avoir pris en compte tant de paramètres, de principes, de risques, de nécessités. Le temps passera. Marayat, dans leur maison du Sud de la France, qu'ils firent construire pour y recevoir des amis, des désirants comme eux, y meurt, puis Louis-Jacques, et, finalement, "Emmanuelle" n'est jamais devenu un film. Le film à l'affiche, par Audrey Diwan, paraît se situer dans cette impressionnante continuité. Pourquoi ? Pourquoi cette difficulté à représenter une femme intelligente, qui sait ce qu'elle veut, décide, fait ? Bonne nouvelle : "Emmanuelle" reste ainsi à représenter, entre une biographie de Marayat et ses rêves. Dernière chose : reste la pensée politique, "érotique". Et là, aussi, nous en sommes à des années-lumière - même si, dans le "corps social", il y a déjà des conquêtes conquises exquises.
Prochainement, ce texte sera augmenté pour apporter plus de précisions et de perspectives.
Vous trouvez ci-dessous une présentation du livre indiqué, quelques jours avant sa sortie. Nous avons eu le plaisir d’en recevoir une copie de la part de la maison d’édition, que nous remercions.
Benjamin Campion, spécialiste des séries télévisuelles, est l’auteur de « Histoires sexuelles des séries américaines, des années 90 à nos jours », publié par les Editions LettMotif. En 380 pages, l’ouvrage procède en deux étapes « pour retracer l’histoire sexuelle des séries américaines. La première, diachronique, s’intéressera aux évolutions dans le temps des représentations sexuelles et des discours qu’elles laissent transparaître, entre conformisme et quête d’émancipation, conservatisme et mise à distance des postulats les plus réactionnaires. Si les quatre premières décennies de la télévision américaine ont entretenu un statu quo auquel il était juridiquement difficile de s’opposer, il ressortira de ce parcours que le vent a tourné dans les années 1990, et que certains auteurs se sont alors vu offrir l’opportunité de jeter une lumière plus crue sur notre « manière d’être» et sur les types d’interactions autour desquels s’articulent nos existences. Du langage employé à la nudité exposée, cette ouverture libertarienne a permis d’aborder plus franchement l’orientation et l’identité sexuelles des partenaires, la fidélité qu’ils se vouent (ou non), l’exclusivité potentielle de leurs relations charnelles, ainsi que la nature et la fréquence de leurs rapports sexuels. Les séries américaines ont alors été en mesure de s’interroger sur les normes de représentation, les canons de beauté, le classisme induit par les différences physiques, l’affirmation d’une existence par le corps, la puissance fictionnelle et sérielle du sexe explicite, ainsi que la fonction épiphanique de l’accouplement, la traduction des sentiments par le sexe, le rôle social (pré)attribué à chaque citoyen, et l’appropriation de son corps et de ses droits constitutionnels par la jouissance sexuelle. Au-delà de simples effets d’attraction, certaines de ces séries se sont même mises à pousser la réflexion sur le sens à donner au frontal et à l’explicite, les plaçant au coeur de leur dispositif narratif de sorte que leur absence fasse perdre tout sens à la fiction. Dans un second temps, je compléterai cette mise en perspective par un parcours plus synchronique ayant pour but d’appréhender la manière dont les séries américaines se sont accommodées et, parfois, adaptées aux séismes de l’histoire contemporaine. Il s’agira d’organiser une succession de rencontres entre les corps sériels de la télévision américaine et l’évolution du contexte social, éthique, juridique, industriel et technologique dans lequel ils s’inscrivent. Du déclenchement de l’affaire Weinstein à la création du mouvement #MeToo, de l’appropriation des images pornographiques par les internautes au rejet de l’organique par la science-fiction hollywoodienne, de l’effritement de la frontière entre réel et factice au choix (forcément politique) de montrer ou de dissimuler, de profondes mutations se sont imposées à la télévision américaine au cours de la dernière décennie, en particulier quand il s’est agi de mettre en scène l’intimité de personnages de fiction ».
Qu’il s’agisse d’une série, ou d’un film, à partir d’une fiction (jouant sur un principe de différence, entre la ressemblance avec la réalité et la dissemblance avec la même réalité), la transposition proposée dans une projection n’est ni la réalité ni la négation de la réalité. On parle de soi, mais ce n’est pas soi, mais ce n’est pas loin d’être tout à fait soi : faisons comme si nous étions nous-même et aussi autre que nous-même. Or ceci advient au pays du Puritanisme : à la fois le pays d’une morale chrétienne sévère, fondée sur la haine, ou à tout à le moins la critique des corps, des relations entre les corps, et celui de la « pornographie », le pendant, damné, de ces représentations publiques, de ces séries. C’est pourquoi le titre de ce livre aurait pu être « Histoire de la sexualisation des séries américaines », de la suggestion, seul mode autorisé, à l’affirmation en tant qu’évidence, voire en tant que sujet même de la représentation, comme avec la série « Sex and the city », dans laquelle les personnages dominants sont des femmes. « Sex and the city », qui pourrait être le nom pour toutes les cités américaines, pour les Etats-Unis eux-mêmes, même si une telle formule conviendrait aussi au monde entier. Mais avec les Etats-Unis, la formule est parfaitement juste dans la mesure où la sexualité est, comme partout, partout, mais au point d’être devenu un sujet de représentations spécifiques (ce que recouvre le mot et le champ de la « pornographie », à lire ici nos critiques énoncées ici sur ce mot et ses présupposés), comme un sujet majeur des films grand public, et des séries, dès lors qu’elles ont pris le relais de la passion cinématographique (en raison de leurs avantages), mais aussi parce que le puritanisme constant en fait un sujet permanent d’obsessions, avec des dénonciations publiques et des pratiques privées contraires à ces dénonciations (cf. la récente affaire du couple Ziegler en Floride). Idéalement, ce livre aurait pu être construit sur le principe d’un dialogue entre ces séries et les films qualifiés de « pornographiques », dans la mesure où leurs influences ne vont pas cesser d’augmenter, tant aux Etats-Unis qu’en dehors - y compris en terme d’audiences, puisque le temps passé à voir ces films, scènes, dépasse de loin celui consacré aux films/séries, grand public. Et les « stars » de ces films sont plus connues sur l’ensemble de la planète que celles des films/séries, grand public. Mais écrire un tel livre de dialogues entre ces séries et ces films aurait été beaucoup plus difficile, et aurait réduit la visibilité du livre, puisque tous les livres liés à ce qui est appelé pornographie se voit ranger dans les librairies, dans des espaces à part. Et avec ce sujet des séries, l'auteur avait déjà beaucoup à faire. Après trois chapitres consacrés aux trente années, des années 50 aux années 80, l’auteur en vient à ce changement, engagé avec les années 90, et ce jusqu’à aujourd’hui, 30 autres années d’une diversification inédite. Etant donné le sujet de notre blog et de notre propre livre, nous évoquons en particulier les parties du livre qui traitent de l’homosexualité, et plus encore du lesbianisme, ou de la place des femmes dans ces séries.
Le premier chapitre qui les concerne parle des « amours lesbiennes rassurantes », et, dans ce foisonnement productif de ces séries, il faut prendre en compte que « certains diffuseurs n’hésitent plus à s’affranchir du tabou des amours lesbiennes, jusqu’à exposer plus ou moins crûment des rapports sexuels entre femmes ». En lien avec les pratiques d’outing, involontaires comme volontaires, des séries dans lesquelles les personnages féminins étaient dominants ont voulu signifier leur connaissance/reconnaissance de ces amours, en les représentant, pour commencer très sagement et chastement, notamment par des baisers. Ainsi, pour quelle série, une scénariste a-t-elle reçu cette réponse : « Elles ont le droit de s’embrasser une fois, mais pas deux – parce que ça voudrait dire qu’elles ont aimé ça » ?! C’est que, comme le dit l’introduction d’un célèbre film, « un commencement est un moment d'une délicatesse extrême », et la délicatesse, en monde lesbien, réside et résidera toujours dans ses baisers. Après des premiers bisous plutôt que baisers, des baisers adviennent, mais comme par inadvertance, ou « juste pour voir ». C’est dire à quel point ces baisers ne sont pas le fait de femmes, lesbiennes, ou ne conduisent pas, encore, ces femmes, à devenir lesbiennes, comme dans un célèbre épisode de « Friends ». Les Lesbiennes deviennent des sujets à part entière, dès lors que des femmes, personnages principaux d’une série, le sont. Et le plus facile pour une telle perspective aura été de faire une série où quasiment tous les personnages étaient, sont, des Lesbiennes, et c’est ce qui s’est passé avec L Word.
Pourtant, il eut été intéressant qu’une telle série associe de tels personnages à des personnages masculins, dominés par, par exemple, dans l’industrie du cinéma, ou dans l’industrie du cinéma de films lesbiens pour adultes ! Et même si L Word a connu un écho mondial, sa diffusion et ses audiences n’ont pas été en proportion de. Par exemple, en France, la série n’a toujours pas été diffusée sur une chaîne grand public, gratuite. Citant deux auteurs, l’un et l’autre ont raison quand ils ont dit à propos de cette série « Samuel A. Chambers livre une lecture éclairante de cette dichotomie lorsqu’il affirme que « The L Word est une série hétéronormative sur des homosexuelles». Distinguant politique des représentations et politique des normes, il précise: La question de la représentation ne constitue qu’une portion de la politique du genre et de la sexualité. La représentation […] n’a pas nécessairement d’effet déterminant sur les normes qui structurent le monde politique et qui saturent la société. La « représentation » […] (en termes de personnages de télé- vision représentant la réalité) ne peut fournir absolument aucune garantie sur le plan politique. Les normes de genre et de sexualité peuvent être modifiées par une émission sur les lesbiennes, comme elles peuvent ne pas l’être. En l’occurrence, le discours se révèle radicalement différent de celui de Brey, qui affirme que « The L Word change le paysage audiovisuel américain, en proposant un groupe de lesbiennes et en dévoilant de nombreuses scènes de sexe ». Se concentrant sur la notion de représentation, Brey ajoute que la série « rend une minorité visible » et « a bouleversé le processus d’identification », tout en concédant que « la vie de ces magnifiques lesbiennes existe dans un lieu qui semble coupé de la réalité », et que la série met en scène des lesbiennes qui sont « toutes belles, ont des corps parfaits et semblent vivre dans des maisons de rêve, dans une ville [Los Angeles] où il fait toujours beau et où tout le monde a le temps de se retrouver pour boire un café au Planet ». En effet, la série n’a pas échappé à la logique américaine structurelle, avec un « Amour, gloire et beauté », lesbien, avec un budget de production plutôt faible. Mais, dans un tel monde actuel, toujours dominé par des mâles fiers comme des coqs, les libertés de ces femmes, qui, d’emblée, les récusent en tant que partenaires de vie et de relations sensuelles, sont l’audace même. Mais les producteurs et réalisateurs de la série, eux, ont été peu audacieux, puisque, comme le précise l’auteur, pendant la première saison, les rapprochements sensuels maintenaient une distance, suggérée, comme les rapprochements eux-mêmes. L’auteur a raison de constater que « à l’instar de The L Word, Queer as Folk innove donc par sa volonté de mettre en lumière d’autres sexualités, d’autres interactions, d’autres manières de penser le vivre ensemble. Les deux séries conservent néanmoins un certain nombre de réflexes formels qui freinent mécaniquement leur ambition de se démarquer. Non seulement leurs scènes de sexe sont très chorégraphiées, mais le caractère répétitif de ces chorégraphies tend à essentialiser leurs représentations de sexualités non hétéronormées. Cet usage témoigne, plus largement, d’une stratégie éditoriale assez ambivalente de la part de Showtime. La chaîne premium fait, certes, un pas de côté, dès le début des années 2000, en vue de se détacher de l’« hégémonie hétérosexuelle » qui règne à la télévision américaine. Mais elle n’en continue pas moins de régulièrement solliciter équivalences, dissimulations et focalisations qui l’empêchent de se détacher complètement de certaines conventions de représentation sexuelle liées à la beauté, à la vigueur et à l’harmonie des corps, exposés de façon parcellaire et maîtrisée, en s’appuyant généralement sur une couverture musicale distanciante et un découpage qui dirige fortement le regard des spectateurs sans leur laisser la possibilité de le poser, donc d’opérer leurs propres choix de cadrages. ».
Des actes ainsi médiatisés de la relation sensuelle, à commencer par l’acte auto-érotique (la masturbation), sont relevés par l’auteur, comme le cunnilingus auquel il consacre quelques pages, ou de la fessée, : ainsi, dans « Mrs. Fletcher », « Seule à la maison après son divorce et le départ de son fils unique à l’université, Eve regarde une vidéo de « leçon » sadomasochiste sur son MacBook dans son salon. À l’écran, une femme à califourchon, en nuisette et petite culotte, se fait fesser avec un plaisir certain par une dominatrice autoritaire. Après avoir baissé l’écran, Eve tente de reproduire ce qu’elle vient de voir en s’étendant sur l’assise d’une chaise et en se donnant elle-même la fessée ».
Ainsi du fameux 69, lorsque chaque amante a sa tête entre les cuisses de sa partenaire, la bouche à proximité de son sexe, qu’il « reste majoritairement absente de nos écrans », et ce de manière intelligible, puisqu’il s’agit d’un cunnilingus (et autres caresses à proximité du sexe) réciproque, et qu’il est difficile de filmer un visage sans filmer le sexe de l’aimée. Pourtant, là encore, tout dépend du scénario et des autorisations que les producteurs et les scénaristes se donnent, puisque rien ne leur interdisait, ne leur interdit, de créer deux personnages, deux femmes, amantes, ayant un goût particulier pour cette pratique, comme pour d’autres, le triolisme, l’échangisme, l’usage d’un faux sexe masculin, faire partie d’une orgie, etc. Les femmes de la vraie vie prennent plus de libertés que leurs « représentantes » de fictions : par exemple, à San Francisco, une lesbienne organisait plusieurs fois par an, des orgies lesbiennes, totalement réservées, évidemment, aux femmes, et très protégées pour leur sécurité et leur anonymat; un gynécée international a été créée il y a quelques années, sous le nom de Skirt Club, pour permettre à des femmes ayant certains moyens financiers, de passer du temps, et ce quelqu’en soient les façons, avec d’autres femmes, qu’elles soient mariées, en couple avec un homme, bisexuelles ou non, lesbiennes ou non, et les journalistes qui ont décidé de passer une soirée Skirt Club ont pu constater que nombre des clients de ce club chic finissaient par une « relation de proximité », à deux, trois ou plus encore. Peu de cette vraie vie lesbienne est représenté - comme également une relation entre une jeune femme, juste majeure, avec une femme plus âgée.
La première série destinée à un large public et qui se sera le plus approché d’une clarté que nous qualifions de pornographique aura été The Girlfriend Experience, puisque, « par bien des aspects, la mise en scène de The Girlfriend Experience déroge aux conventions du sexe télévisuel tel qu’il est traditionnellement présenté par les séries américaines », parce que la série « s’évertue à déployer une narration par le sexe, faite de négociations, d’échanges, de confidences, de doutes, de renversements, de frustrations, d’accomplissements – autant de signes qui nous aident à mieux comprendre les rapports affectifs des êtres dont les corps se rencontrent. (...) En très peu de mots, tout en regards et en caresses, Anna et Erica se rapprochent ardemment l’une de l’autre, sans parvenir toutefois à nouer une relation fusionnelle. Ce rapprochement laisse déjà transparaître une incommensurable séparation (...) ». Et ce parce que dès lors qu’il est question de telles relations, il est aussi et surtout question de sentiments, et qu’un des sentiments les plus importants chez les amantes, amants, est à la fois le rapprochement le plus grand et le fait qu’il n’y a pas fusion des âmes par les corps, même si ces relations en sont le symbole, du désir. Quand les femmes sont ainsi les principaux personnages d’une série, certaines de celles-ci font de la pédagogie sur les pratiques et plaisirs féminins, comme par exemple sur l’éjaculation des femmes-fontaine, mais elles font aussi du « placement de produits », quand elles montrent les divers objets, « jouets du sexe », que des femmes peuvent utiliser, en plus de quelques légumes. Et cette pédagogie, publicité, gratuite, aura contribué à la croissance exponentielle du marché de ces objets-jouets. Mais si la sexualité est faite par et pour la réciprocité, le consentement, entre adultes ou entre très jeunes adultes (adolescents, adolescentes, dès lors qu’ils sont dans un âge où ces relations sont socialement et légalement tolérées), à l’exclusion donc des enfants, de la pédocriminalité, les sexes, et principalement le sexe mâle, peuvent servir, servent, à des violences injustifiées, injustifiables, criminelles. Et entre femmes, elles peuvent exister aussi : il y a quelques années, une jeune (adulte) actrice de films lesbiens a affirmé avoir été sexuellement agressée par une autre actrice de ces mêmes films, dans les toilettes d’un évènement destiné à honorer les unes et les autres dans leurs films et leurs performances. Et c’est pourquoi, avec raison, l’auteur consacre la dernière partie de son livre à ce sujet, et à son écho, intégration, dans les séries, que cela soit dans les représentations comme dans la phase initiale de la production. L’après #MeToo a « tout » changé, en commençant par les bases, et continue de produire ses effets. Les séries évoquées démontrent que si les producteurs et les scénaristes osent de plus en plus, ils n’osent pas non plus tant que cela, sur le plan de la définition des personnages, sur le plan narratif comme sur le plan visuel. Mais il faut avoir en tête que nous nous trouvons sans doute dans la préhistoire de ces représentations, ou l’enfance de, si l’on préfère. Par exemple, une série audacieuse pourrait être créée pour narrer les histoires de vie de trois polyamoureuses lesbiennes, qui vivent ensemble, au point de s’être symboliquement mariées (ce qui est réellement advenu, comme évoqué sur ce blog). Une autre série pourrait évoquer la naissance des désirs lesbiens chez une jeune femme, adolescente, sans jamais la montrer dans une telle relation sensuelle, puisque ces désirs pourraient être avant tout des rêves, que sa propre vie, pour des raisons diverses, lui rendrait impossible de vivre.
De ce point de vue, la série « Dickinson », consacrée à raconter de manière libre la vie de la célèbre romancière américaine Emily Dickinson, associait habilement ses feux d’artifice poétiques, à son amitié/amour pour Susan, « Sue ». Dans un épisode très drôle, où elle côtoie une personne venue du futur, qui lui parle de la célébrité d’Emily Dickinson, elle lui dit qu’elle, Emily, est considérée comme une lesbienne, ce à quoi Emily répond, après un instant d’incompréhension, qu’elle est américaine. Pour cette série, la production Apple a voulu toucher à l’audace, en insistant sur les penchants lesbiens d’Emily et de Sue, mais sans en faire un véritable sujet. Ainsi, leurs yeux qui brillent l’une pour l’autre, leurs mains qui se touchent, leurs mots d’amour l’une pour l’autre, jusqu’à quelques instants rares, un bain en commun par exemple, sont, comme dans la poésie, un instant de grâce, déjà disparu à peine apparu. Mais nous ne pouvons pas oublier qu’il y a encore 150 ans, ce mot même, lesbienne, pouvait n’avoir aucun sens pour la plupart des personnes, et même des femmes, puisqu’elles n’existaient nulle part, dans les mots, les livres, les tableaux, les discussions publiques. Pour quelques femmes, idéalement placées, ces époques furent bénies : incapables de percevoir leur existence, leurs contemporains restaient aveugles. Pour quelques femmes qui eurent la malchance d’être au mauvais endroit au mauvais moment, la révélation de leurs amours put signifier leur mort, immédiate ou après des supplices. Ainsi, raconter une partie de la vie d’Emily Dickinson reste appréciable et apprécié ! Mais là aussi, il n’existe pas de séries qui, sises sur une lointaine époque, montrent des héroïnes, lesbiennes, à commencer par Sappho elle-même, pour laquelle nous attendons encore la première série... L’ouvrage de Benjamin Campion étant consacré à toutes les séries, il parle longuement des relations entre mâles et femmes, mais, puisque ce n’est pas notre sujet, nous invitons les candidates, candidats, à sa lecture, à découvrir ici les chapitres de cet excellent livre.
Dans la nouvelle édition de "Les Lesbiennes, ces Fleurs du Bien", un nouveau chapitre fait référence aux films pour adultes, et, plus particulièrement, les films lesbiens pour adultes, aux actrices de ces films, aux représentations et aux actes, signes, dans ces représentations. Ce travail permet de remettre en cause la notion de "pornographie", en particulier pour ces films, lesbiens. Un des arguments de cette critique met en cause un réductionnisme : là où il y a des totalités vivantes (des corps), la "pornographie" ne veut voir que du sexe, là où ces films consacrent une part importante de leur espace-temps dans une focalisation sur les VISAGES. Si Yumi Kazama, dont cette note a présenté la carrière, a pu devenir une star de ces films, c'est que ses spectateurs ont pu apprécier, apprécient, son "jeu". Il faut insister sur le fait que les films lesbiens pour adultes produits au Japon diffèrent de ceux que nous connaissons : leur durée totale varie entre une heure trente et plus de trois heures, et, dans un grand nombre d'entre eux, il y a un récit (même minime), des dialogues, plusieurs scènes qui ont un lien.
Les actrices et les acteurs hollywoodiens sont souvent félicités pour la "vérité" de leur jeu, bien qu'ils simulent, en se faisant passer pour une personne, en simulant des sentiments, en prenant des expressions. Or les actrices de ces films lesbiens pour adultes ne peuvent pas entièrement simuler : elles doivent se toucher, se caresser. Et plus encore, celles qui simulent le plus en réalisant ce type de films ne peuvent pas vraiment le cacher : elles vont tourner peu, avant de quitter rapidement ce champ professionnel, et, dans leurs scènes, leur visage ne peut entièrement cacher qu'elles ne sont pas fières et heureuses de faire ce qu'elles font. Pour faire de tels films, il faut, en effet, avoir le goût de ces relations, sensuelles/sexuelles, et, à la racine de ces relations, ce qu'un couple d'acteurs-réalisateurs a appelé "le goût des autres". C'est ce que Yumi Kazama incarne remarquablement. Les photographies ci-dessus le démontrent : son visage irradie, de joie, fierté, bonheur, d'aimer ET d'être aimée. Cette lumière se révèle sur son visage, par les mouvements de ses joues, de ses yeux, de sa bouche. Elle REGARDE vraiment ses partenaires, amantes. Et sa DICTION, par les vibrations de sa voix, révèle son désir. C'est la marque des grandes actrices, de ces films. Elle donne à ses films une vérité fondamentale : elle incarne ce que, dans la vie, les Lesbiennes, ressentent, partagent, vivent, ensemble, un désir-amour. Pour vérifier les affirmations de cette note, vous êtes invités à découvrir les films avec Yumi Kazama - et bien sûr, avec d'autres actrices.
Samantha Ryan, née Jamie, le 3 mars 1978 au Kansas, a passé une enfance dans un milieu aisé, dans lequel elle a appris le piano. Elle fait partie de ces jeunes femmes américaines qui ont choisi, une fois devenues majeures, de devenir des actrices de films lesbiens. Jeune, elle a ressenti des désirs sensuels pour les filles et les femmes. Devenu adulte, elle était bisexuelle, à dominante lesbienne, et sa filmographie est composée à 99% de films lesbiens.
Les photographies de cette note proviennent d'un film de "Girlfriends Films", "Girls in White", de 2008. Il y a 15 ans, la qualité vidéo était très inférieure aux productions actuelles. Dans de rares entretiens, elle a expliqué qu'elle était très à l'aise avec ses désirs sensuels et en particulier, lesbiens. Pendant plusieurs années, elle a incarné une femme, passionnée par les autres femmes, puisqu'elle a tourné plusieurs centaines de scènes, films.
Un mètre 72, les images révèlent sa beauté : mince, mais avec des hanches non maigres, son visage aura été sans doute l'un des plus beaux du cinéma de ce temps, avec son ovale évident, son menton marqué, les lèvres de sa bouche n'étant ni trop marquées ni trop fines, des joues également marquées, des yeux, symbole de sa perfection, grands, presque toujours soulignés par un maquillage bleuté et noir, une belle chevelure blonde-châtain.
Mais son physique exceptionnel aurait pu n'être que sa seule caractéristique, comme certaines modèles, top, actrices certes, mais dont le jeu est faible. Rien de tel avec Samantha Ryan : à l'instar de quelques autres remarquables actrices de ces films lesbiens, comme India Summer, elle aurait sans doute pu avoir une carrière brillante dans le cinéma hollywoodien, "normal". Est-ce qu'elle a pensé à devenir une actrice pour de tels films ? De ses propos, il semble que, comme India Summer, elle a explicitement fait le choix de tourner dans ces films afin d'avoir des relations sensuelles et sexuelles avec d'autres femmes. Si, dans le film ici évoqué, elle incarne une jeune femme qui a été volontairement attiré par une femme plus âgée afin de lui proposer un moment érotique ensemble, elle a plutôt incarné des femmes dominantes, séductrices. Il n'est pas rare que ces actrices aient des positions fétiches : pour une Céleste Star, il s'agit du 69, mais pour Samantha Ryan, cette position était celle de la... missionnaire, lorsqu'une femme, nue, est allongée, de face, sur son amante. Ses mouvements de bassin paraissaient lui procurer une extase phénoménale, comme pour ses amantes. Aujourd'hui, elle est clairement retirée, et elle l'est au point qu'il n'est pas impossible qu'elle renie cette période de sa vie, puisqu'elle serait engagée dans une foi religieuse qui condamne de tels comportements et de tels plaisirs. Si tel est le cas, elle aurait alors rejoint le groupe de ces ex actrices qui tournent totalement le dos à leur vie par et pour ces films, ont honte de ce qu'elles ont fait. Si c'est là leur liberté, ce revirement est profondément triste, parce qu'on imagine comment elles considèrent ce qu'elles ont vécu et fait, alors que, en fait, il n'y a rien de honteux, et même au contraire, il y a là un don de soi admirable, en hommage à l'Amour humain. C'est la raison pour laquelle, dans la nouvelle version du livre "Les Lesbiennes...", un petit chapitre, inédit, a été ajouté, afin de proposer les bases d'une pensée pour relier, explicitement et sérieusement, lesbiennes et gays, à une foi religieuse. Où qu'elle soit, nous la saluons, espérons qu'elle se porte bien, et il faut la remercier pour son travail d'actrice de films lesbiens pour adultes où elle est et restera (et deviendra toujours plus), une légende. Dans ce film, bien que plutôt silencieuse, ses expressions sont remarquables, son visage, ses regards, ses lèvres mordues, la pourpre sur ses joues, expriment comme témoignent de son désir et de son émotion d'être aimée par une femme ardente...
Over the past few months, several people have asked me to chat on the subject of Lesbian Love, in order to talk about this subject in a deeper, more precise way, between people who sincerely support both this way of living, of being, and its representations. Obviously, in principle, such exchanges are interesting and motivating.
That's why I've decided to accept this request, on one condition: to be certain that the people who want to talk appreciate my work, and, to prove it, have acquired, are acquiring, my book, whatever the format (the digital format is less than 10 euros). Proof of purchase allows entry to this club reserved for the sincere. Here again, if, of course, after a purchase, it turns out that a person is not sincere, and comes only to denigrate, insult, etc., he or she will be excluded from this club. Its principles of courtesy are universal. The club's location is a digital space. It is not disclosed here.
To find out about it, all you have to do is write to me and send me an e-mail with proof of purchase of the book, and you'll receive at your address an invitation to join the club.
Access to this club is free for models, photographers, artists and friends.
The subjects discussed are those that concern us, whatever the starting point: a book, a film, a social event, etc.
Ces derniers mois, plusieurs personnes m'ont demandé de tchater sur le sujet de l'amour lesbien, afin de parler de ce sujet de manière plus profonde, précise, entre des personnes qui, sincèrement, soutiennent autant cette façon de vivre, d'être, que ses représentations. Évidemment, sur le principe, de tels échanges sont, a priori, intéressants, motivants.
C'est pourquoi j'ai décidé d'accepter cette demande, à une seule condition : être certain que les personnes qui veulent parler apprécient mon travail, et, pour le prouver, ont acquis, acquièrent, mon livre, et ce, quel que soit le format (le format numérique est à moins de 10 euros). Une preuve d'achat permet l'entrée à ce club réservé aux personnes sincères. Là encore, si, évidemment, après un achat, il s'avère qu'une personne n'est pas sincère, et vient seulement pour, dénigrer, insulter, etc, elle sera exclue de ce club. Ses principes de bienséance sont universels.
Le lieu du club est un espace numérique. Il n'est pas divulgué ici.
Pour le connaître, il suffit de m'écrire et de me faire parvenir un mail avec la preuve d'achat du livre, et vous recevez à votre adresse une invitation pour entrer dans ce club. L'accès à ce club est libre pour les modèles et pour les photographes, artistes, amis. Pour obtenir l'adresse mail, vous pouvez écrire un commentaire à cette note. Les commentaires sont publiés uniquement après lecture. Un commentaire sur cette note ne sera pas publié, votre adresse ne sera pas visible.
Les sujets discutés sont ceux qui concernent l'amour lesbien, quel que soit le point de départ : un livre, un film, un fait social, etc.
Le 12 mai, en début de matinée, le format numérique du livre "Les Lesbiennes, ces Fleurs du Bien" sera en promotion sur Amazon.com, à partir de 2,99 dollars, soit en conversion euro au jour, 2,72 euros. A partir de ce jour, dans les 4 jours qui suivent, le prix augmentera d'un dollar par jour (moins d'un euro). Ci-dessous, les chapitres. Dans la version numérique, les numéros de pages ont été supprimés puisque l'apparition des pages ne correspond pas au format des pages des livres.
Les 10 premières photographies de cet album sont du photographe Art TF
http://www.art-tf.fr/
avec certaines de ses modèles
http://www.akasha.book.fr/
http://www.yuliya.book.fr/galeries/
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