Depuis quelques semaines, des nouvelles notes sont publiées sur ce blog : le premier genre est consacré à des actrices, remarquables (cf. cette note sur Yumi Kazama), des films lesbiens pour adultes, le second sur des films lesbiens pour adultes, particulièrement, remarquables, impressionnants, instructifs (cf. cette note sur un film avec Yumi Kazama). Cette note est consacrée à un film japonais dont le code (c’est ainsi que de tels films japonais sont identifiés), est RBD-459. D’une durée de deux heures (les films japonais sont beaucoup plus longs que les films occidentaux), il repose sur la relation entre deux actrices, Yumi Kazama et Ayase Minami, a pour réalisateur Mr. Watakano.
Le scénario, s’il n’est pas complexe, permet de comprendre les différentes scènes. Ayase Minami a épousé Takashi, qui travaille pour une société commerciale. La sœur aînée de Takashi, interprétée par Yumi Kazama, travaillait comme designer à l'étranger mais elle a décidé de retourner au pays natal. Takashi lui a proposé de venir vivre chez lui, et elle a accepté. Ainsi a commencé cette cohabitation à trois. Au fur et à mesure des jours, Yumi éprouve des sentiments pour Minami et a des rêves de caresses. Mais comment faire ? Elle commence par des mots doux, les yeux qui brillent, des contacts furtifs. Et puis quand ses désirs deviennent toujours plus puissants, elle décide de franchir le rubicon. Le film commence lorsque Yumi le franchit. Alors qu’elle prend un bain de soleil au bord de la piscine de la maison, Ayase la contemple depuis l’intérieur de la maison, derrière une fenêtre, à la fois fascinée et légèrement impressionnée par cette femme, plus âgée, dont les sourires à son égard lui plaisent et l’intriguent à la fois. Elle décide de sortir pour rejoindre Yumi, lui parler aimablement. Yumi la remercie de sa venue et lui demande si elle voudrait bien lui masser les épaules. Que fait Ayase ? Il vous faut voir le film pour le savoir. Le soir, alors que Takashi est rentré du travail, elles préparent le dîner, derrière un comptoir. Yumi, à côté de Ayase, profite de cette situation. Comment ? Même chose… Le lendemain, quand Takashi part au travail, Yumi ne perd pas une minute pour venir se planter devant Ayase, pour engager une conversation dont le sens est clairement érotique. Ayase, épouse de Takashi, est impressionnée et même un peu apeurée. Elle ne comprend pas comment Yumi peut ainsi lui faire comprendre de tels désirs, alors que, elle, elle n’est pas lesbienne. Enfin, pas encore.
Mais Yumi est décidée à ne pas se laisser impressionner par cette résistance qu’elle pense être de façade, parce que Ayase n’ose pas s’avouer et avouer qu’elle a aussi de tels désirs. Elle l’amène dans le salon, lui impose de s’asseoir sur un canapé, et là, elle commence à lui conter fleurette. Est-ce que Ayase va résister ? Combien de temps ? Et… non, Ayase ne parvient pas à résister. Le film raconte comment en quelques jours, Yumi parvient à faire aimer ces et ses caresses à Ayase, comment elle use même de stratagème pour que Takashi est la « tête ailleurs ». Il finit même par être à moins de deux mètres d’elles, sans qu’il se rende compte de ce qu’elles font. Yumi ne cesse d’avoir toujours plus de désirs pour Ayase, et Ayase apprend à faire avec ses propres désirs.
Ce film n’est peut-être pas le meilleur film de la longue filmographie de Yumi Kazama, de ses films lesbiens, mais il en est emblématique. Comme expliqué dans la note qui concerne sa vie, Yumi Kazama a fait un choix absolument volontaire, de faire de tels films, alors qu’elle avait largement dépassé sa majorité. Elle a pris le temps d’y réfléchir, avant de décider de devenir une actrice professionnelle pour de tels films. Dans un entretien pour un titre de presse, elle a indiqué qu’elle avait une préférence pour les films lesbiens. C’est ce que ces films lui ont permis de vivre ses désirs lesbiens, comme si elle était une Casanova lesbienne. Mais combien de Casanova lesbienne ont la chance de vraiment vivre de tels moments, sans que ceux-ci ne soient fragilisés par les relations humaines, la jalousie, par la haine de certains contre les relations homoaffectives ? Pour ces femmes qui choisissent vraiment de faire de tels films, ceux-ci leur permettent d’assouvir leurs désirs, leurs « fantasmes », en en faisant une profession, la source de gains financiers importants, et en partageant leurs plaisirs avec d’autres. Là où les actrices des films lesbiens pour tous se contentent de simuler, elles ont le plaisir de ne pas avoir à simuler, elles ont le plaisir de pouvoir ressentir.
C’est important de le dire parce que, ces derniers jours, une ancienne actrice française de films pour adultes, dont la durée de la carrière a été inversement proportionnelle à sa réputation, a tenu à affirmer publiquement qu’elle confiait un secret sur ces films : « nous faisons semblant ». Or ce discours, qui entend mettre à distance les actrices de ce qu’elles font, a pour objet d’affirmer que, entre elle et ses films-là, il n’y a aucun lien, puisque c’étaient des films comme les films pour tous, où « on fait semblant ». Mais si cette vérité fut sans doute valable pour elle, si des actrices peuvent, dans des films pour adultes, « hétéro », « faire semblant », parce que les femmes sont capables de déconnecter leur conscience de leurs corps, notamment dans des situations où elles subissent une agression sexuelle, affirmer qu’il en va ainsi systématiquement dans ces films revient à nier que des actrices puissent faire ces films par goût, passion, pour les relations sensuelles/sexuelles entre femmes.
Yumi Kazama est aussi devenue une star par et pour de tels films parce que son goût/amour pour les femmes, pour les relations sensuelles/sexuelles, est certain, réel, profond. En témoigne son jeu dans ces films, ses sourires, XXL, sa façon de parler, absolument essentiel, dans laquelle résonne un véritable désir qui ne peut se simuler, toutes les caresses qu’elle peut donner à son amante, ses amantes, qui peuvent devenir tellement intenses. Dans ce film avec Ayase, les moments les plus appréciables ne sont pas sexuels, ou seulement « sexuels », parce que ce sont ceux où elle PARLE de son désir à Ayase, où elle parle à Ayase, de son corps, de sa Beauté, que ses caresses ont pour objet de l’honorer, l’aduler, totalement, ce que son frère n’est pas capable de faire, ne veut pas faire.
"Une ancienne actrice française de films pour adultes, dont la durée de la carrière a été inversement proportionnelle à sa réputation" : je crois que je n'ai pas vu une périphrase aussi maîtrisée depuis celle de Voltaire dans "L'Ingénu" pour évoquer la Bastille, chapeau !
Sinon, l'article était intéressant à lire, j'espère qu'il y en aura d'autres sur les JAVs lesbiennes, ce genre trop mésestimé, peut-être à cause des mosaïques imposées par la législation japonaise (quoique les choses changent peu à peu, des sites comme AdultDVDEmpire commencent à en proposer à l'achat).
Rédigé par : Johnny B. | 15/10/2023 à 17:07
Pour la périphrase, il s'agissait de ne pas périr par une phrase évidente ! Merci de ta lecture, ami Johnny. Rien de tout cela n'existerait sans tes conseils, suggestions, sans tes connaissances encyclopédiques, sur les films japonais et leurs actrices. Ce qui est intéressant avec les mosaïques, c'est qu'elles ne gâchent rien. Parce qui tient absolument à voir en détail le sexe d'une femme ?! Ces films valent pour leurs histoires, l'imitation de relations personnelles amicales ou amoureuses, la MUSIQUE des voix, dans les moments normaux de la vie comme dans les extases. En outre, il y a dans cette "pudeur" japonaise, et ce dans une exposition que tant jugeraient ou jugent impudiques, un respect pour "l'origine du monde" et ses mystères, qu'il ne s'agit pas de représenter, mais de connaître par soi-même...
Rédigé par : milan roman | 17/10/2023 à 16:17
Oui, malgré les mosaïques, le reste des films compense largement ce petit détail, par les baisers langoureux ou les pratiques souvent absentes des films occidentaux, comme les aisselles léchées, l'échange de salives (je l'ai vu cependant dans "Désobéissance", film mainstream avec Raquel Weisz) ou le foot fetish.
Rédigé par : Johnny | 18/10/2023 à 22:21