Cette note est la première d'une série dédiée aux films lesbiens pour adultes, scènes lesbiennes, les plus remarquables, qu'ils et elles soient connus, ou non. Elle est consacrée à un film de Girlfriends Films, un studio californien, intitulé "Women seeking women, 174" (ce studio a pris l'habitude de créer des séries, de ranger des films dans ces groupes, et de les numéroter). C'est un film de l'été 2020, et la scène qui nous intéresse ici réunit Violet Starr et Paige Owens. Si certains studios produisent des films/scènes dans lesquels les actrices ne parlent pas, ne se parlent pas, commencent d'emblée avec des caresses, et ce jusqu'au terme, d'autres ont compris l'importance, fondamentale, de la parole humaine, parce ce qui advient, est représenté, dans ces films, est lié à la vie de cette parole, dans la mesure où, si deux femmes, ou plus, en viennent à se rapprocher, et plus parce que affinités, c'est qu'elles ont commencé par se parler. Les êtres humains, bien que liés aux singes, nos cousins, ne sont pas des singes, et si les bonobos peuvent copuler rapidement, on sait qu'il s'agit avant tout de gérer les flux d'agressivité dans les groupes. Ces contacts sexuels sont, en l'espèce, réellement organiques.
Dans une relation sensuelle/sexuelle humaine, il y a des enjeux mentaux, psychologiques, sentimentaux, dans la mesure où une telle relation associe et vise l'ensemble de la personne de chacune des amantes. Leurs regards se sont portés sur l'ensemble de la désirée, des mots ont été échangés, et, dans l'invisible du coeur et de la conscience, des sentiments ont commencé à apparaître, des désirs d'un dialogue total sont apparus. Et, de ce point de vue, les films japonais sont infiniment plus réalistes, fidèles à ce vécu, humain, lesbien.
Dans cette scène, Violet Starr interprète une jeune femme qui, ce jour-là, va se marier, avec une autre femme, Prinzzess (elle n'apparaît pas dans le film). Paige interprète la soeur de Prinzzess. Violett entraîne Paige dans une chambre, et elle lui dit avec sincérité et passion, les sentiments qu'elle éprouve pour Paige. Celle-ci est bouleversée, parce que, on va le comprendre rapidement, elle a des sentiments pour Violet, mais comme celle-ci doit devenir la femme de sa soeur, ce jour même, elle n'est pas très désireuse de trahir sa soeur, en cédant aux avances très déterminées de Violet. C'est ainsi que l'une ne cesse de répéter sa fascination et ses désirs lesbiens pour l'autre, que l'autre répond que, "non", "c'est mal", "tu vas épouser ma soeur", mais l'insistance de Violet, de plus en plus proche de Paige, ses regards, ses sourires, désarment la, faible, volonté de Paige de résister.
Dans une telle scène, l'alchimie entre les actrices tient à beaucoup de choses : leur humeur du jour, leur sympathie réciproque, les suggestions, recommandations, de la direction du jeu, le travail des techniciens (il y a des films/scènes anéantis en raison d'un mauvais travail technique, sur l'image, le son), les impressions causées par les premiers contacts. Mais leur philolesbianisme est décisif : est-ce qu'elles sont des actrices de films lesbiens, par hasard, ou pour ne pas avoir à faire des scènes avec des hommes afin de se réserver pour leur petit ami, mari, ou est-ce qu'elles sont de telles actrices parce qu'elles sont des femmes qui aiment vraiment et profondément les femmes ?
Ce qui ne trompe pas, c'est qu'une Violet Starr a les yeux qui brillent, un sourire large, presque constant, avec une expression de joie, et Paige Owens est au diapason de cette volonté de Violet. Quelques petites minutes après le début d'un mano à mano, où Paige dit qu'elle doit résister au désir de Violet, pendant qu'elle ne cesse de la toucher de ses mains, aux épaules, sur ses mains, sur son cou, c'est elle qui finit par se rapprocher de Violet et de l'embrasser, tout en disant qu'il ne faut pas faire cela, que c'est mal... Violet conduit Paige sur le lit, l'incite à s'asseoir, et se met à ses genoux pour lui retirer ses chaussures. Pendant quelques secondes encore, Paige semble tourmentée par ce désir réciproque. Mais quand Violet l'embrasse, sur la bouche, dans le cou, lui parle de son désir, ses dernières réticences s'envolent, et sa seule inquiétude est qu'elles soient découvertes. Après ?
Commence un corps-à-corps du feu des Dieux, par une harmonie parfaite entre les gestes, les mouvements des mains, les mouvements du visage, les regards, et leurs mots, et le rire, la joie, de Violet, pendant que leurs chairs ne cessent de s'unir toujours plus profondément. Les baisers sont d'une intensité folle, qu'ils soient sur la bouche ou sur leur sexe, la volonté de faire jouir l'autre au climaximum possible est constante. Il y a un rythme, emblématique du désir amoureux : des caresses qui visent à la plus grande jouissance, des instants de calme et de silence, pour jouir aussi de la relation amoureuse, cette chance spéciale et rare, des mots pour dire la joie de découvrir le corps nu de l'Aimée. Et quand l'une a sa bouche sur le sexe de son Aimée, elle la regarde dans les yeux alors qu'elle essaie "d'avaler" son sexe, tellement elle la désire. Les sensations éroélectriques sont telluriques. Et ainsi la scène dure plus de 46 minutes. Du début à la fin, les regards énamourés sont présents et sont déterminants. Une scène qui démontre que, tant dans les faits que dans la représentation, il n'y a pas là pornographie mais lovographie. Pour la voir entièrement, vous pouvez la découvrir sur le site de la production, ici (1). Il faut donc remercier et féliciter les deux actrices, pour leur engagement passionné, pour leur jeu d'actrices, qui, à la différence des acteurs et actrices des films hollywoodiens, associe simulation (le rôle) avec non-simulation, l'expression de vérités humaines parmi les plus importantes, le désir amoureux, le goût des Autres !, la volonté d'une joie partagée, le respect pour le corps/âme, à l'opposé de tout ce que nous subissons dans l'espace public... Alors, encore un immense merci et nos remerciements à Paige Owens et Violet Starr.
(1) nous donnons le lien vers le site de la production, parce qu'il est important que ces studios soient soutenus par des abonnements, que les actrices soient rémunérées. Nous le faisons sans avoir de lien de partenariat avec ces studios, c'est-à-dire que l'auteur du blog ne perçoit aucune part sur un éventuel abonnement de votre part à ce site, en suivant le lien ci-dessus.
La prochaine note sur un film/une scène sera consacrée à cette rencontre entre Angela White et Autumn Falls
Bel article ! Je n'ai pas encore vu la scène, bien qu'étant abonné à GFF, mais ça ne saurait tarder. :)
Rédigé par : Johnny B. | 02/09/2023 à 11:13
Une fois que tu l'auras vu, un retour sur ce visionnage sera apprécié !
Rédigé par : milan roman | 02/09/2023 à 11:19